Les enfants et les Ecrans

 



Les tablettes, jeux vidéo, télévisions, smartphones et réseaux sociaux sont devenus incontournables. Ils exercent un très fort pouvoir d’attraction sur les parents comme les enfants. Or les avantages de leur utilisation souvent massive sont bien moins conséquents que les risques.

Les très jeunes enfants (0-3 ans) ont avant tout besoin d’engager leurs 5 sens, tous leurs doigts et leur corps dans une exploration active de leur environnement. Or la télévision par exemple, est une source trop importante de stimulations visuelles et auditives (même lorsqu’elle est utilisée en bruit de fond) extrêmement fatiguante et mettant le tout petit dans une posture passive.

Pour les jeunes enfants, les interactions (échanges humains) sont essentielles et nourrissent les futures capacités relationnelles, notamment en ajustant les émotions, intonations, mimiques à celles du bébé et réciproquement.

A la différence de la lecture d’une histoire, les enfants sont le plus souvent laissés seuls devant la télévision, la tablette ou la console, n’ayant alors personne pour les aider à réguler la charge émotionnelle qu’ils reçoivent, la comprendre, la parler ; en plus de les contraindre à une activité solitaire. 
Une utilisation abusive des écrans peut donc entrainer des retards d’acquisition du langage, de motricité fine, des repères spatiaux et temporels, de la construction identitaire.

A l’adolescence, le risque, hormis celui de la sécurité, est plutôt celui de l’isolement auquel peut mener une pratique virtuelle et solitaire qui prendrait toute la place.

Les pratiques à favoriser
Réguler l’accès aux divers écrans permet d’en accepter l’existence tout en aidant l’enfant à trouver des limites à leur utilisation. Priver un enfant d’accès à un jeu, un réseau social ou un film à succès peut gêner son intégration sociale.
Faire prendre conscience des risques en matière de sécurité (droit à l’image, pédo-pornographie...) afin que le jeune s’approprie de bons réflexes.
Privilégier des sources de stimulation variées, pas que des écrans. 
• Dès qu’il le peut, faire parler l’enfant de ce qu’il a vu, compris, ressenti... Pour l’inciter à utiliser la parole comme moyen d’expression et pour l’implication affective. 
Les pratiques socialisantes : jouer ou regarder à plusieurs... A l’adolescence, la discussion parent/ enfant n’est pas toujours évidente et les jeux vidéo par exemple peuvent être un support à la relation, voire un centre d’intérêt commun.
Les pratiques créatives : utiliser les écrans comme un moyen d’expression, le support d’une prise d’initiative (montage de petits films, création de groupe sur un jeu vidéo, blog de photos...)

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :
JOHANNA
LIST-BRILLON
Psychologue clinicienne,
Psychothérapeute

Quand les parents s’inquiètent : Quelle place prennent les écrans dans la vie de l’enfant ? Remplacent-ils une présence chez un enfant souffrant de solitude ? Viennent-ils masquer des difficultés relationnelles ? S’agit-il d’une fuite du monde réel ? Est-ce une passion ou une solution à un mal-être ?
A LIRE SERGE TISSERON, (2013). 3-6-9-12 Apprivoiser les écrans et grandir
Cela évoque bien sûr quatre étapes essentielles de la vie des enfants : 3 ans, c’est l’admission en maternelle, 6 ans, l’entrée en CP, 9 ans, l’accès à la maîtrise de la lecture et de l’écriture, et 12 ans l’âge où il trouve ses repères en collège. Mais ce sont aussi d’excellents repères pour savoir à quel âge et comment introduire les différents écrans dans la vie de nos enfants. En effet, de la même façon qu’il existe des règles pour l’introduction des laitages, des légumes et des viandes dans l’alimentation d’un enfant, il est possible de concevoir une diététique des écrans, afin d’apprendre à utiliser correctement les écrans comme on apprend à bien se nourrir.